EHPAD en zone rurale (Vienne)

Madame Wagner, 90 ans, est entrée à l’EHPAD en 2021 car tombée malade et devenue veuve, elle ne pouvait plus gérer l’entretien de son logement de manière autonome. Elle a deux fils qui restent très en lien.

Elle trouve difficile d’être au milieu de nombreux résidents avec qui il n’est pas aisé ou pas possible de parler. « Comme j’ai la chance d’avoir encore toute ma tête, c’est un peu énervant car je ne peux pas avoir de discussions intéressantes avec certains, il y en a deux avec qui je discute mais ce n’est pas tout le monde, les autres perdent la tête. » Les volontaires lui permettent de se sentir entourée et de trouver une écoute bienveillante : « Je les trouve très mignonnes ‘les petites en jaune’, elles sont gentilles et on peut tout leur demander. »

Le fils le plus âgé de Madame Wagner, 67 ans, est retraité et bénévole aux Restos du cœur. Une fois en retraite, il a demandé à sa mère de venir vivre proche de chez lui. Suite à plusieurs chutes chez elle, elle ne pouvait plus rester seule. Il lui a laissé le choix entre des aides à domicile ou aller en EHPAD. Il est désormais rassuré que sa mère soit à l’EHPAD, même si cela lui est douloureux. Il sait que sa mère a besoin de discuter : « Elle aime discuter donc ça fait plaisir qu’elle puisse le faire avec les deux jeunes, elle aime les jeunes. »

Thalia a 19 ans. Elle a coupé court avec ses études de gestion administration et a souhaité consacrer son temps libre à aider des personnes, notamment les séniors, très isolés à cause du COVID. Côtoyer les personnes âgées lui permet de se sentir utile et elle constate les bienfaits de sa mission : « Ils me disent qu’on est gentilles, ils sont contents qu’on soit là et n’ont pas envie qu’on parte et je crois que ça leur fait du bien. » Sa mission lui a permis de changer de regard sur les personnes âgées : « Je me disais qu’elles étaient dans leurs chambres et qu’elles ne faisaient rien. C’est différent ici mais je crois qu’on est bien tombé et ce n’est pas pareil partout ailleurs. »

Sophie a 23 ans. Elle termine son cursus d’études artistiques en parallèle du service civique. Elle voulait faire de l’humanitaire. Sa grand-mère lui a montré l’annonce du service civique en EHPAD, lue dans un journal local, mission qui l’a tout de suite motivée : « J’adore les personnes âgées, ça m’a semblé naturel et j’avais besoin aussi de compagnie, d’amour et je sais qu’elles souffrent de l’isolement, en plus du Covid. Je me suis dit, ça peut être donnant-donnant ! » Elle tire des enseignements personnels dans l’échange avec les résidents et se retrouve dans un rôle de confidente parfois. Elle avait un a priori négatif sur les EHPAD car cela s’était mal passé  pour son arrière-grand-mère, mais son expérience l’a amenée à changer son regard. Elle a l’intention de revenir faire du bénévolat : « C’est dans ma nature et je veux faire du bénévolat. Après le service civique, je reviendrai à l’EHPAD en tant que personne pour rendre visite aux résidents. Je ne peux pas couper le cordon comme ça, c’est pas possible ! »

Madame Dujardin, animatrice vie sociale est à l’EHPAD depuis une dizaine d’années, avec différentes fonctions (ancienne soignante et aide médico-psychologique). Les personnes âgées peuvent transmettre une partie de leur histoire à la jeunesse, tout en se sentant écoutées : « Elles trouvent une utilité à pouvoir raconter un peu leur histoire, à passer le flambeau aussi et se dire que leur vie n’est pas vaine, que les jeunes vont transmettre ce qu’ils ont vécu. » Les résidents s’attachent aux volontaires : « (…) ils vont d’eux-mêmes aller vers elles et se crée une petite activité, ce qui ne se faisait pas car ils étaient toujours en attente de moi et de mes propositions. C’est parfois un peu perturbant car ils étaient très liés à moi pour les activités. » Les volontaires dynamisent les résidents, qui se déplacent davantage, et améliorent leur bien-être car moins renfermés, moins tristes.

Madame Neveu, arrivée en 2018 en tant que directrice adjointe, a repris le poste de direction fin 2021. Spécialisée en droit sanitaire et droit social, elle souhaitait travailler dans le secteur du médico-social, en particulier en EHPAD. Elle note l’apport précieux des volontaires dans la vie de l’établissement et le travail des équipes. Elles permettent de recréer du lien intergénérationnel (projets interrompus par la crise sanitaire). Elle constate la complémentarité des volontaires avec les équipes, notamment dans la lutte contre l’isolement des séniors. Les volontaires influent sur la vie des résidents, en proposant beaucoup plus d’animations et de présence individuelle. « Ce sont des nouvelles personnes, jeunes et dynamiques, qui s’y prennent autrement et on voit que ça fonctionne ! » Les volontaires aident aussi certains résidents – vivant seuls avant – à se réadapter à vivre en collectif. Elles participent à soutenir le projet de l’établissement : « Leur présence contribue à accentuer notre dynamique, on essaie d’être ouverts sur l’extérieur, de proposer de nouvelles choses, d’être dans l’air du temps, d’être à l’écoute des besoins des résidents, elles nous permettent tout ça et nous font avancer plus vite. »