Extraits de témoignages

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Madame Yansen - Résidente d'EHPAD

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Madame Zacchs - Résidente d'EHPAD

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Ryan - Volontaire du SC2S

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Gabrielle - Volontaire du SC2S

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Madame Teyssier - Directrice

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Madame Vacaro - Responsable de l'animation et de la vie sociale

Madame Yansen a 87 ans. Elle a deux filles et cinq petits-enfants. Elle est arrivée à l’EHPAD, car elle est devenue quasiment aveugle, ce qui l’empêchait de continuer à vivre seule.  Elle a eu beaucoup de difficultés à se faire à l’idée d’être contrainte d’entrer à l’EHPAD et à s’adapter à ce milieu : « Quand j’ai su que j’allais venir ici, j’ai un peu pété les câbles, je ne voulais pas faire d’animations. » Elle est entourée par ses sœurs qu’elle voit souvent et elle passe la majorité de ses samedis avec ses enfants. Comme elle ne voit plus, l’un des deux volontaires lui permet de connaître les actualités en lui faisant la lecture : « Il me fait la lecture du journal et je lui donne mon appréciation et il est content, on rigole un peu aussi. » Le volontaire lui permet de faire des promenades. Elle est également préoccupée par la jeunesse, dont la situation lui fait de la peine.

Madame Zacchs a 95 ans. Elle a cinq enfants. Elle habitait une maison en famille élargie, puis chacun a quitté le foyer familial et elle est devenue veuve. Elle a donc anticipé sa venue en EHPAD de manière autonome, du fait de sa situation familiale et de ses problèmes de santé. Elle est membre du Conseil de vie sociale de l’établissement. Elle aime faire travailler son intellect et sa mémoire dans l’atelier coanimé par la volontaire : « L’atelier mémoire nous aide beaucoup, la mémoire c’est très important, ça m’aide à réfléchir, ça fait travailler les cellules. » La volontaire lui permet de mobiliser son intellect, d’apprendre des choses et d’acquérir des connaissances. « C’est une fille qui est très intelligente, qui est psychologue, enfin qui fait de la psychologie, quand il y a une lecture ou quelque chose, elle va toujours chercher le point de vue psychologique. Elle est très intéressante. Ça me plaît beaucoup d’avoir des activités de réflexion, mais malheureusement on n’est pas nombreux, 3 ou 4. » 

Ryan, 24 ans, est à Marseille pour étudier la physique. D’origine marocaine, il a vécu en Espagne et est arrivé en France il y a sept ans, où il a passé un bac S. Il a découvert le service civique par une jeune à l’université, engagée dans l’accompagnement scolaire. « J’ai finalement choisi (ce service civique en EHPAD) car j’ai trouvé qu’on passe beaucoup de temps avec des personnes de notre âge et pas assez avec des personnes âgées. » Il a institué un rendez-vous avec les résidents tous les matins, il fait le café et l’apporte à chaque personne : « Je prépare les animations, avec le café aussi, et je fais descendre les résidents des salons en haut. Après le café, je fais les gros titres du journal. Ensuite, on fait des jeux d’adresse (lancer de balle). » Il apprécie prendre du temps pour échanger individuellement avec les résidents et connaître leurs histoires. Il a complètement changé de regard sur les personnes âgées et a notamment été surpris de leur bienveillance, grâce à sa mission et aux différentes formations. S’il le peut, il reviendra faire quelques visites à l’EHPAD. Heureux d’avoir eu cette expérience, il recommande à d’autres jeunes de tenter l’expérience : « Il faut que les gens le fassent, c’est une acquisition de compétences et de savoirs aussi et ça peut aider dans leur projet, ça ouvre des portes dans différents domaines. Les formations étaient assez complètes et intéressantes. »

Gabrielle, 22 ans, est étudiante en troisième année de psychologie qu’elle redouble avec une seule matière à rattraper. Elle a donc choisi de donner de son temps en faisant un service civique, et comme la gérontologie l’intéressait elle a postulé à SC2S. Elle voulait se faire un avis sur les personnes âgées, le Grand Âge et ses aléas et explorer le rôle d’une psychologue dans ces établissements : « Je voulais voir comment cela se passe de l’intérieur, les différences entre les individus, les types de vieillissement, le rôle de la psychologue en EHPAD. » Avec l’idée de créer des espaces et des temps de parole, elle a proposé un atelier autour de la littérature, qui permet aussi de discuter de divers sujets de société avec les résidents : « L’atelier nous permet des fois de discuter de la féminité, de la contraception, je ne pensais pas qu’on parlerait de ça, de la technologie, ça permet de faire le lien entre ce qui se passait avant et de voir maintenant comment les choses ont évolué. » Elle distribue le courrier, autre occasion d’échanges individuels : « Quand je passe donner le courrier il y a beaucoup de discussions en privé, ils nous partagent des choses de leur famille. » Cette expérience lui a été très utile pour faire le deuil du décès de son arrière-grand-mère et de mieux comprendre sa démence, de rassurer son entourage, notamment ses grands-parents, sur la réalité dans les EHPAD. Elle est satisfaite son utilité auprès du personnel : « L’équipe est soudée, ils se relaient et c’est super. L’EHPAD n’est pas un endroit pour mourir, les personnes sont maintenues, elles sortent profiter du soleil, de la musique, c’est un endroit où on prend soin des gens. » Elle a découvert que les personnes âgées pensent ne plus avoir d’importance alors qu’elle a beaucoup appris à leurs côtés : « Beaucoup de personnes âgées pensent qu’elles sont vieilles et qu’elles n’ont plus d’importance. Elles ne se rendent pas compte des choses qu’elles nous apportent. Ça crée des liens et crée des discussions totalement imprévues !” » Elle a évolué sur sa perception du vieillissement et la possibilité de maintenir un lien, un contact, de l’échange, malgré parfois les problèmes de santé mentale.

Madame Teyssier, directrice de l’établissement depuis 12 ans, exerce depuis près de 20 ans dans différentes structures. Elle a un long parcours universitaire (économie de la santé, de la protection sociale…) complété par des formations professionnelles (pathologies neurodégénératives, troubles neurocognitifs, bientraitance…). Avec la venue des volontaires, elle souhaitait, redynamiser l’établissement après la crise sanitaire et que se crée à nouveau du lien. Elle avait l’objectif d’un retour à la normalité pour l’établissement et les résidents : « Il fallait surtout reprendre les habitudes de la normalité, qu’on a perdues en deux ans. Ce qui veut dire qu’on est des lieux ouverts, dynamiques, avec beaucoup d’interrelations, etc. » Pour elle, les volontaires permettent d’autres rapports humains avec les résidents que ceux entretenus avec les professionnels : « Ils ne sont pas identifiés comme soignants, ce sont des tiers qui sont associés au collectif de vie et les résidents ont plus de facilité à se confier comme si c’étaient leurs proches. » Elle observe que la présence des volontaires redonne du vivant, permet de dépasser l’aspect thérapeutique, voire apporte quelque chose d’ordre familial aux résidents. « En tant que professionnel, on s’interdit un parti pris ou un manque d’équité. Pour les jeunes qui n’ont pas ces codes et ce recul, […] je pense qu’ils ont dû tisser des liens privilégiés avec certains résidents. » Elle constate que les retours des résidents sont positifs.

Madame Vacaro, 30 ans, est arrivée en janvier 2022. Reconvertie de la médiation culturelle il y a trois ans, inspirée par l’expérience de sa mère travaillant en EHPAD, elle est responsable de l’animation et de la vie socialeElle note que lorsque les volontaires doivent s’absenter pour diverses raisons, les résidents les réclament, et l’ambiance générale n’est pas la même : « A un moment, il était absent pour ses partiels et ça tombait sur mes journées de réunions, ou quand ils étaient en congés, on sentait que c’était morose, on sentait leur absence. » Pour elle, les volontaires ont une mission d’accompagnement plus que d’animation. Les temps en individuel et en petits groupes permettent la création d’un lien particulier avec les résidents. Elle observe que leur présence leur apporte un bien-être moral sachant que cet apport peut être  variable.

Quelques mots sur l'établissement

EHPAD en milieu urbain dans un arrondissement de Marseille, commune de 91 358 habitants (2019) dont 62% d’actifs, 19,7% de 15-29 ans et 23,1% de plus de 60 ans.

L’EHPAD peut accueillir 123 résidents dont 90 autonomes, semi dépendants, dépendants ou désorientés. 19 résidents sont en « unité de vie protégée » (Alzheimer et troubles apparentés) et 14 au Pôle d’activité et de soins adaptés (PASA).

Au-delà des ateliers mémoire, des activités manuelles ou d’exercice physique, il est proposé aux résidents des activités de resocialisation via des groupes de parole, de conversation ou de débat. Une Commission animation est ouverte à la participation des résidents pour y recueillir leurs besoins et leurs envies. 

L’établissement a de nombreux partenaires, dont une structure qui accueille de jeunes adultes en situation de handicap mental sur le même terrain autour d’une activité jardin potager. Des bénévoles des Petits Frères des Pauvres interviennent régulièrement. 

Exemples d'activités jeunes et seniors

Activités auxquelles les volontaires contribuent et/ou qu’ils animent : Ateliers mémoire.

Activités créées et animées par eux-mêmes : « Le café de Ryan » préparé dans le grand salon, lecture des gros titres du journal local (teaser pour lecture à voix haute l’après-midi) et activité physique (lancer de balle) ; plusieurs types d’ateliers reliés à la mémoire ; un atelier autour de la littérature.

Des temps individuels partagés avec les séniors : Discussion de divers sujets de société avec les résidents de l’atelier littérature (elle) ; création d’espaces-temps de parole autour de l’actualité (intérêt et mémoire), en distribuant le courrier (elle) ; échanges informels mais personnalisé lors du café le matin (lui) ; lecture du journal individualisé, occasion d’échanges et de rires et promenades « un pour un » (résidente aveugle) ; soins esthétiques, prétexte à l’échange individuel (elle).